Manifestations des agriculteurs polonais

  Comme prévu, ce mercredi 6 mars, les agriculteurs polonais ont de nouveau bloqué avec leurs tracteurs une partie des autoroutes à travers le pays, dont celles menant vers la capitale polonaise où devait se dérouler le rassemblement de milliers d’entre eux, rejoints par des membres du syndicat “Solidarność” et des chasseurs…

  La manifestation des agriculteurs en colère s'est transformée en échauffourées avec la police. Au son de sirènes et de trompettes, des fumigènes et des pétards ont été lancés sur les policiers.

  Certains agriculteurs ont réussi à se rendre jusqu’au bâtiment du Sejm (la Diète ou chambre basse du Parlement) où se tenait à la même heure une séance. Les manifestants ont tenté de pénétrer sur le terrain entourant le Parlement et ont lancé des œufs, des pavés et des fusées éclairantes contre le cordon de policiers qui le protégeait. La police a répondu avec des gaz lacrymogènes et a eu recours à la force contre certains participants à la manifestation. Plusieurs dizaines de personnes ont été blessées. Au moins plusieurs policiers ont également été blessés. Une douzaine de manifestants a été arrêtée.

  Le ministre de l'Agriculture Czesław Siekierski a noté qu’il y a eu des provocateurs parmi les manifestants qui ont attaqué la police et que dans cette situation, la police ne pouvait que réagir.

  Il a également assuré que les négociations avec l'Ukraine sur la réglementation du commerce des produits agroalimentaires étaient déjà à un stade bien avancé et qu’elles incluraient des quotas, une surveillance étroite et une régulation de la situation à la frontière. Il a appelé la Commission européenne à fournir un soutien budgétaire aux agriculteurs.

  Des milliers d'agriculteurs polonais se sont rassemblés ce mardi 28 février à Varsovie, ce qui a provoqué des perturbations dans le centre-ville et sur certaines routes d'accès. Arborant des drapeaux nationaux blanc et rouge, les manifestants se sont réunis dans le centre de la capitale polonaise avant de se diriger vers les sièges du Parlement et du premier ministre, aux sons de trompettes, de sirènes d’alarme et de pétards. Des délégations de manifestants ont pu rencontrer le président du Sejm, Szymon Hołownia, et le chef de la Chancellerie du Premier ministre, Jan Grabiec. Les revendications des agriculteurs polonais comprennent : la nécessité de simplifier et de réduire les exigences du pacte vert de l’Europe qui limite la production, de contrôler plus strictement l’afflux de produits agroalimentaires en provenance d’Ukraine qui sont une concurrence déloyale et d’améliorer la rentabilité de la production agricole.

  Parmi les propos entendus durant la manifestation dans la capitale polonaise : “Nous ne voulons pas nuire à l’Ukraine, nous voulons que les problèmes soient résolus pour notre bien et celui des Ukrainiens. Il faut les aider, car la guerre risque de nous concerner aussi”… “Nous sommes pour l’aide à l’Ukraine, mais pas au prix de la vie et du travail des agriculteurs polonais. Nous voulons aider, mais pas au prix de perdre nos exploitations”… “Si rien ne change, il y aura d’autres manifestations, d’autres blocages de routes. Nous nous battons aujourd’hui pour notre survie, pour nos exploitations, pour la sécurité alimentaire de la Pologne et de l’Europe”.

*La Pologne compte parmi les principaux soutiens de l’Ukraine depuis le déclenchement de l’offensive russe en février 2022.

  Les manifestants annoncent leur retour dans la capitale le 6 mars si leurs revendications sont ignorées.

Après les agriculteurs français, c'est au tour des agriculteurs polonais de protester ce mardi 20 février dans toute la Pologne. Ils ont été rejoints par des chasseurs et des transporteurs. Les routes nationales et régionales sont bloquées.

  Les manifestants s'opposent à la politique agricole de l'Union européenne et à l'inondation du marché polonais par des produits ukrainiens. Face au mécontentement alimenté par les importations de blé ukrainien à bas prix, les voies ferrées ont été bloquées à Medyka, à la frontière avec l’Ukraine, et les manifestants ont déversé des céréales ukrainiennes des wagons.

  L'ambassadeur d'Ukraine en Pologne a réagi aux événements de Medyka. “Nous condamnons fermement le déversement de céréales ukrainiennes par les manifestants à Medyka. La police doit réagir de manière ferme et punir ceux qui enfreignent la loi. C'est aussi un manque de respect pour le travail des agriculteurs ukrainiens dans les conditions de l'agression russe, envers eux-mêmes et autrui. Honte et déshonneur, messieurs !”

  Les agriculteurs disent ne pas accepter l’importation de céréales d’Ukraine alors que leurs silos sont pleins… Ils exigent maintenant la démission du ministre de l'Agriculture et du Développement rural et de son secrétaire d’État s’ils ne trouvent pas de solution au problème actuel. De plus, ils s’opposent au pacte vert pour l'Europe proposé par la Commission européenne dans le but primordial de rendre l'Europe climatiquement neutre en 2050 : pas d’accord sur le fait que jusqu’à 4 % des terres arables devraient être laissés en jachère et pas d'accord avec l’obligation de retrait des produits phytopharmaceutiques d'année en année.

  Ils s'opposent également au flux incontrôlé d’autres produits agricoles arrivant d’Ukraine. Une liste de 500 firmes ayant importé d’Ukraine circule actuellement dans le pays. De nombreuses firmes admettent qu'elles ont effectivement acheté des céréales en provenance d'Ukraine, mais qu’après transformation, le produit final était envoyé à l'exportation et que par ailleurs ces achats datent d’une époque où l’embargo n’était pas encore entré en vigueur. C'est un peu la panique chez de nombreux producteurs alimentaires polonais… Les consommateurs polonais pourraient se détourner de ces produits, craignant en effet que les céréales en provenance d'Ukraine contiennent des éléments chimiques dangereux pour l'homme, introduits dans ce pays par pulvérisation de produits phytopharmaceutiques illégaux dans l'Union européenne…

  Les exploitations familiales polonaises constituent la base de la sécurité alimentaire du pays. Les aliments polonais sains produits par les agriculteurs polonais constituent la base de l’alimentation et de la santé. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, l’Union européenne doit remettre la souveraineté alimentaire en priorité absolue.

  Il est dommage, disent les protestants, que le président Zelensky mette une fois de plus en doute la solidarité polonaise envers l’Ukraine. “Nous voulons et allons aider, mais ils doivent comprendre que cette aide ne peut pas interférer avec notre développement et nos opportunités économiques.”

  Quant aux chasseurs - environ 130 000 dans le pays - ils expliquent qu’ils sont souvent eux-mêmes agriculteurs. Ils n'apprécient guère les tentatives de limiter leurs droits de chasser.