La Semaine Sainte, c'est-à-dire la dernière semaine du Carême, se situe entre deux dimanches : le dimanche des Rameaux et le dimanche de Pâques. C'est une époque riche en coutumes populaires et en rites liturgiques de l'Église catholique. Beaucoup d’entre eux, entretenus depuis des générations, ont survécu jusqu’à nos jours et constituent l’un des piliers de l’identité polonaise dans le pays, mais aussi au sein de la Polonia disséminée de par le monde…
Comme vous le savez, dans la religion chrétienne, Pâques commémore les souffrances, la mort et la résurrection de Jésus-Christ. C’est une fête mobile, dont la date a été fixée lors du premier concile de Nicée en 325 au dimanche qui suit la pleine lune advenant pendant ou après l'équinoxe de printemps - donc au plus tôt le 22 mars et au plus tard le 25 avril.
Pour les chrétiens, c’est la fête la plus importante de l’année, elle a donc toujours nécessité de longues préparations. Tout commence le mercredi des Cendres (Popielec). Les fidèles se rassemblent à l'église et le prêtre dépose un peu de cendres sur le front de chacun en prononçant la formule : Tu es poussière et tu redeviendras poussière. Il s’agit de montrer à Dieu qu’on reconnaît nos fautes et, par voie de conséquence, on demande à Dieu le pardon de nos péchés, mais aussi à nous rappeler à quel point la vie terrestre est fragile.
Dans le passé, le Carême était une période de six semaines intenses de préparation pour Pâques. C'était une période de renouveau et de nettoyage. Durant cette période, dans le cadre de la mortification du Carême, les gens renonçaient à la viande et même aux produits d'origine animale comme le lait et les œufs. De plus, les pots étaient soigneusement nettoyés pour garantir qu’il ne reste pas la moindre trace de graisse animale. À cette époque, le plat populaire était le żur, c'est-à-dire une soupe cuite avec du levain de seigle. Cette période de jeûne était aussi une période d’abstinence d’alcool et de tabac. Aucun divertissement n’était organisé et aucun instrument n’était joué. Les gens se rassemblaient pour les célébrations de chemins de croix du Carême et pour les Gorzkie Żale (Lamentations amères), célébrations religieuses qui sont une tradition exclusivement polonaise. La première cérémonie de ce genre fut solennellement célébrée le 13 mars 1707 dans l'église Sainte-Croix à Varsovie, d'où elle s'est ensuite répandue dans toute la Pologne. Cette dévotion populaire consiste en une méditation sur la Passion du Seigneur accompagnée de chants en forme de lamentation douloureuse.
La célébration de la Semaine Sainte commence avec le dimanche des Rameaux, également connu sous le nom de dimanche de la Passion du Seigneur. Ce jour-là, on commémore l'entrée de Jésus à Jérusalem. Les palmes (palmy) font partie intégrante de la célébration - symbole du martyre, de la mort et du triomphe du Christ ressuscité. Elles sont constituées de chatons, de roseaux, de buis et de papier de soie. En France, les rameaux sont très souvent des branches de buis, mais l’usage varie selon les régions.
Autrefois, on croyait que les palmes avaient des propriétés magiques. Elles étaient utilisées pour bénir la maison et ses environs. Elles étaient glissées derrière des images saintes pour protéger la maison de la foudre et du feu. Les branches cassées de palmes bénies étaient plantées aux coins des champs pour les protéger des nuisibles. Cette coutume est encore pratiquée dans de nombreuses régions de Pologne et celle de la région d'Opole a même été inscrite sur la Liste nationale du patrimoine culturel immatériel. La palme était conservée à la maison toute l'année et ne pouvait pas être jetée. Il fallait la brûler et les cendres qui en résultaient étaient dispersées dans les champs ou utilisées pour être saupoudrées sur les fronts le mercredi des Cendres de l'année suivante.
Pâques approchant à grands pas, c'était donc l'heure du grand ménage. Avant le dimanche, il fallait donc tout nettoyer : l'âme, le corps, la maison et tout l'environnement. Le grand ménage pascal n’avait pas seulement pour but de rafraîchir les pièces, mais aussi de les débarrasser de toutes maladies et de tous maux. Dans le passé, on croyait que le non-respect de cette coutume apporterait le malheur au foyer. À l’époque, les poêles et les murs des maisons étaient blanchis à la chaux. Un colorant bleu bleuet était parfois ajouté à la craie pour repousser la vermine. Les maisons et les cours étaient nettoyées, les sols, les fenêtres et les peintures lavés. Les paillasses étaient à nouveau remplies de paille. Les couettes et les oreillers étaient accrochés aux clôtures pour être aérés. Les vêtements étaient également rafraîchis. Du sable jaune et frais était répandu sur les sentiers. Après le nettoyage, la maison et la cour étaient décorées de fleurs. Des motifs étaient peints sur les murs, de belles décorations en papier étaient réalisées et les chaumières en étaient décorées. Des pająki (araignées) étaient suspendus au plafond, c'est-à-dire des structures colorées ressemblant à des lustres, faites de paille et de papier de soie coloré. Après toutes ces préparations, Pâques était tout proche.