Cet été à “Paris 2024”, 10 714 athlètes issus de 206 délégations nationales ont pris part aux 329 épreuves des JO dans 32 disciplines sportives. Parmi eux, 211 Polonais qui ont participé dans 22 disciplines.
Un constat : la lointaine place de la Pologne au classement final des médailles… Elle se retrouve à la 42e place (1 en or / 4 en argent / 5 en bronze). Il s'agit de la pire performance des athlètes polonais depuis les Jeux Olympiques de Melbourne en 1956, lorsque les Blancs et les Rouges ne s’étaient retrouvés que neuf fois sur le podium en ne remportant également qu’une seule médaille d'or… même s'il convient de signaler que la Pologne avait alors envoyé en Australie 156 sportifs de moins qu'à Paris et qu'en outre, les athlètes avaient participé à 184 compétitions en moins.
Rappelons qu’à Tokyo en 2021, la Pologne s’était classée 17e avec 14 médailles (4/5/5).
Faible consolation cette année, avec un total de 10 médailles, elle se classe à la 21e place au nombre de médailles… et au classement des finalistes (les 8 premiers de chaque épreuve), elle est même en 18e position !
Pour les spécialistes du sport polonais, ce guère enthousiasmant résultat n'est pas surprenant. Pour eux, les résultats ont été pour l’essentiel conformes à leur attente, même si le Polonais lambda espérait que le résultat de Tokyo serait au moins égalé ! C’est vrai que parfois le podium s’est joué à 4 cm (pour Anita Włodarczyk au lancer du marteau) ou à 24 centièmes de seconde (pour le kayak à quatre féminin)… La dure loi du sport.
À ces décevants résultants s’ajoutent également de mauvaises perspectives car il n’y a pas beaucoup d’espoir d’amélioration rapide. Pour plusieurs raisons. Dans la plupart des cas, il ne s’agit pas d’un manque d’argent car, comme l’a signalé le ministère du Sport et du Tourisme, près de 472 millions de zlotys (près de 110 millions d’euros) ont été dépensés pour la préparation de ces Jeux pour les associations sportives des disciplines olympiques.
Au cours des dernières années, de nombreux fonds publics ont été investis dans le sport polonais. Il faut de l'argent bien sûr, mais aussi des idées. Et en Pologne, sauf exceptions, il n'y a pas d'idées, dit-on. Dans de nombreuses disciplines, il manque de systèmes de formation complets et, même s’ils existent, personne n’est disposé à se former. Les Polonais eux-mêmes plaisantent en disant que chez eux les sports nationaux sont „piwo i grill” (la bière et le barbecue) !
Il y a quand même des disciplines qui sont cependant efficaces. Prenons le volley-ball. C’est un sport qui depuis des années est parmi les plus populaires dans le pays. Avec ses problèmes et ses ambiguïtés, bien entendu. Mais, cela fonctionne. Les grands champions sont remplacés par de nouvelles générations qui ramènent de nouvelles médailles. Et même si l’équipe polonaise masculine a été platement battue par la France en finale, elle est de nouveau montée sur le podium. Cela faisait 48 ans que cela n’était pas arrivée ! Les volleyeurs ont été accueillis en héros à leur retour à Varsovie !
Par contre, où sont passés les fameux relais polonais, les lanceurs et lanceuses de marteau en athlétisme, les canoéistes et les kayakistes, les rameurs, tous pourvoyeurs de médailles durant des années ? Et ne parlons pas de boxe ou d’haltérophilie…
Qu’attendent les Polonais du sport de compétition dans le pays ? Pensent-ils qu’ils doivent continuer à prétendre qu’ils peuvent être une puissance en tout ? Ou bien vont-ils peut-être, comme certaines nations, se concentrer sur quelques disciplines (comme l’escalade sportive, par exemple) et se rendre compte des résultats qui y seront obtenus ?
Ils doivent se poser des questions et y répondre : Le sport de compétition, ça sert à quoi ? À populariser un mode de vie actif ? Et où trouver des jeunes talentueux si les plus jeunes ne bénéficient pas de cours d'éducation physique à l’école dispensés par un spécialiste ? Peut-être faut-il aussi recréer un sentiment de fierté nationale ?
Bien sûr, certains parents poussent leur enfant à pratiquer différents sports, voire pensent détecter un certain talent chez lui… Mais, bon, l’heure de tennis, de natation ou d’équitation, elle n’est pas gratuite ! Et puis, les infrastructures sont parfois inexistantes, des terrains de sport fermés, des cours d’éducation physique insuffisants et des dispenses médicales pas toujours justifiées. Et puis, toutes ces heures passées devant un écran ! Mais ça, cela ne concerne pas seulement la Pologne.
Allez, terminons sur une note optimiste. Le sport polonais va un jour reprendre son envol. Mais cela risque de ne pas être encore visible dans quatre ans aux JO de Los Angeles… Il faut du temps pour former un champion !
LS