En France, le 11 novembre, marque la date anniversaire de l'Armistice de 1918. Mais, comme vous le savez, en Pologne on fête ce jour-là l’indépendance recouvrée par la Pologne après 123 longues années d’occupation et de partage entre l’Empire de Russie, le royaume de Prusse et l’Empire d’Autriche - période sombre dans l’histoire du pays. Il faut cependant signaler que ce n’est que le 28 juin 1919 que sera officiellement signé à Versailles le traité concernant la reconnaissance de l'indépendance de la Pologne, traité conclu entre les principales puissances alliées et la Pologne.
Avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, la Pologne étant rayée de la carte de l’Europe, entre 250 000 et 300 000 hommes servaient dans les armées des trois pays s’étant partagé son territoire. Des Polonais qui, étant citoyens de Russie, d'Allemagne et d'Autriche-Hongrie, étaient bien entendu soumis au service militaire obligatoire. La majeure partie d’entre eux servait dans l'armée russe - 165 à 200 000, environ 55 à 60 000 dans l'armée austro-hongroise et au moins 40 000 dans l'armée allemande.
Cependant, durant la guerre, au total, pas moins de 2,9 millions de soldats d'origine polonaise auront été enrôlés dans les armées des trois empires de partition. Leur plus grand drame furent évidemment les inévitables combats fratricides.
Même si tous les historiens ne sont pas d’accord sur le nombre, durant la Première Guerre mondiale, environ 530 000 Polonais ont été tués sur les champs de bataille, sont morts de blessures ou de maladies ou ont disparu sans laisser de traces : plus de 220 000 dans l'armée austro-hongroise, environ 200 000 dans l'armée russe et plus de 110 000 dans l'armée allemande.
La Fête de l’Indépendance - fête nationale légale polonaise - a été établie en 1937 après bien des discussions fort animées dans l’entre-deux-guerres pour savoir lequel des événements de l'automne 1918 devait être reconnu comme le moment symbolique de l'indépendance recouvrée de la Pologne.
Finalement, c’est le jour où le Conseil de Régence a transmis à Józef Piłsudski le pouvoir militaire et le jour où les troupes étrangères ont commencé à quitter le pays qui aura été choisi. En outre, c’est aussi le 11 novembre que l'Allemagne a signé l'armistice de Compiègne mettant fin à la Première Guerre mondiale. Malheureusement, cette fête nationale n'aura le temps d'être célébrée officiellement que deux fois : 1937 et 1938. Dans les années 1939-1944, la célébration officielle ou publique de la Fête de l'Indépendance était, vous l’imaginez, impossible. Et en 1945, les autorités communistes institueront comme nouvelle fête nationale polonaise le 22 juillet, jour-anniversaire de la proclamation du Manifeste du Comité polonais de libération nationale.
La Fête de l’Indépendance du 11 novembre ne sera finalement restaurée par une loi parlementaire qu’en 1989. Aujourd'hui, elle est un jour de congé et est solennellement célébrée à travers tout le pays. Les cérémonies principales, en présence des hauts responsables de l'État, ont lieu sur la Tombe du Soldat inconnu sur la place Piłsudski à Varsovie.
De nos jours, le 11 novembre, Jour de l'Indépendance, est le jour férié le plus important du pays et il symbolise pour tous les Polonais le retour de leur État dans le concert des nations.
Toutes les célébrations de la Fête nationale polonaise de l’Indépendance unissent tous les Polonais vivant dans le pays, tous ceux qui vivent en dehors de ses frontières mais aussi tous ceux qui comme nous ici en France font partie de la Polonia éparpillée de par le monde, cette diaspora polonaise qui jusqu’à nos jours a réussi à maintenir contre vents et marées des liens très forts avec le pays de ses aïeux.