Cinquième ville de Pologne (près de 540 000 habitants), capitale de la voïvodie de Wielkopolska (Grande-Pologne), berceau de la nation polonaise, Poznań est un important centre économique, scientifique, culturel et touristique de l’ouest du pays. Réputée pour ses foires internationales qui s’y tiennent depuis 1921, Poznań est aussi une ville historique d’importance ! Elle est la seule ville à être citée dans l’hymne national (Jak Czarniecki do Poznania po szwedzkim zaborze).
La ville millénaire au bord de la Warta possède bien des atouts. Visiter Poznań, c’est pleinement profiter de son art de vivre ! Ville dynamique à taille humaine, elle peut cependant se visiter à pied…
Commençons par un de ses symboles : le centre historique. Comme dans pratiquement toutes les villes polonaises, sa place du marché - Stary Rynek - est de forme carrée et se trouve en plein centre de la vieille ville. Elle est entourée de maisons colorées des XVe et XVIe siècles - dont certaines superbement restaurées après les destructions de la Seconde Guerre mondiale - gothiques, Renaissance ou baroque, abritant boutiques, cafés et restaurants. Ce Rynek est, par sa dimension, la troisième plus grande place de Pologne (après Kraków et Wrocław). À la belle saison, il se couvre de terrasses en bois et de parasols…
Posé au centre du Rynek, l’hôtel de ville de style Renaissance - Ratusz - avec sa grande façade à triple rangée d’arcades surmontée d’un attique où sont représentés les rois de la dynastie des Jagellons, attire la foule avec un drôle de spectacle. Chaque jour, les douze coups de midi annoncent l’apparition attendue de deux légendaires chevreaux (en aluminium) qui sortent du haut du clocheton pour se donner douze coups de cornes sous les airs traditionnels d’un joueur de trompette. L’hôtel de ville abrite aujourd’hui le Musée historique de la ville qui compte deux magnifiques salles : la salle Renaissance d’origine, coiffée d’un plafond à caissons de 1555 et connue sous le nom de “Wielka Sień” (Le grand vestibule) et la salle de la Justice, également de Renaissance italienne.
Devant l’hôtel de ville se trouve un pilori avec une figure de bourreau - aujourd’hui, c’est le lieu de rencontre habituel pour les habitants de la ville. Une ruelle mène au puits appelé “Studzienka Bamberki” : ce puits est accompagné de la statue en airain d’une jeune fille qui porte deux cruches, vêtue d’un costume régional de Bamberg (Haute-Franconie). Elle est dédiée aux colons allemands venus, à la demande des autorités de Poznań, remplacer les habitants décédés dans les villages de la région pendant la grande guerre du Nord (1700-1721) et l’épidémie de choléra qui en résulta. Historiquement, Poznań fut une ville de plusieurs cultures, celles des Polonais, des Allemands et des Juifs ayant vécu là côte à côte durant longtemps.
Stary Rynek | Studzienka Bamberki | Wielka Sień |
Non loin du Rynek, la monumentale basilique collégiale (Fara Poznańska) - dédiée à Notre-Dame du Perpétuel Secours, à Sainte Marie-Madeleine et à l’évêque Stanisław, saint patron de Pologne - édifiée pour les jésuites, est une monumentale église à trois nefs soutenues par des colonnes corinthiennes, présentant aux fidèles un avant-goût de la magnificence divine. Stucs, peintures et sculptures dorées à la feuille, ainsi qu’un dôme en trompe-l’œil, enserrent l’autel principal de 1727 réalisé par l’architecte baroque italien Pompeo Ferrari. Situé à proximité, les bâtiments de l’ancien monastère des jésuites sont actuellement le siège de la municipalité. En novembre 1806, ils avaient durant trois semaines hébergé Napoléon 1er.
Empruntons maintenant la Voie royale et impériale qui relie la vieille ville avec Ostrów Tumski (l’île de la cathédrale), le plus ancien quartier de Poznań, entouré des bras de la Warta et de son affluent, la Cybina. C’est sur cette île que sont nés à la fois Poznań, l’État polonais et l’Église de Pologne. Là s’élève la basilique-archicathédrale gothique Saints-Pierre-et-Paul, la première cathédrale construite dans le pays (968). Une douzaine de chapelles entourent la nef, parmi lesquelles la Chapelle dorée qui recèle le sarcophage et les statues des premiers souverains de Pologne : Mieszko Ier et son fils Bolesław Chrobry (Boleslas le Vaillant). Dans la crypte, on peut découvrir les traces de l’édifice roman primitif et des tombeaux originaux des deux souverains et un baptistère datant de 966.
Après avoir découvert la cathédrale, rendez-vous au musée “Brama Poznania ICHOT” : bâtiment moderne, récompensé à plusieurs reprises dans des concours d’architecture, entièrement interactif, il promet une parenthèse instructive et ludique narrant les débuts de l’État polonais.
Basilique-archicathédrale | Fara Poznańska | Brama Poznania ICHOT |
Sur cette voie, on découvre l’ancien château impérial, considéré comme le plus jeune château d’Europe érigé (1905-1910) pour un souverain couronné, l’empereur allemand Wilhelm (Guillaume) II. Cet édifice néo roman ressemble à un véritable bastion médiéval. Il abrite aujourd’hui le Centre culturel “Zamek” qui offre un espace tout au long de l’année pour des expériences artistiques dans différents domaines de l’art et un théâtre.
À proximité, le mémorial du 28 juin rappelle aux passants la répression sanglante de la première manifestation des travailleurs de la République populaire de Pologne en 1956.
Ancien château impérial | Mémorial du 28 juin |
Et pourquoi pas se laisser tenter par la rue Półwiejska, une rue piétonne aux nombreux commerces ? Se faire photographier devant la statue en bronze de Stary Marych - fictif personnage littéraire symbole du dialecte posnanien. Et s’arrêter au “Stary Browar”. Né brasserie au XIXe siècle, c’est aujourd’hui un complexe reconnu comme l’une des reconversions architecturales les plus réussies d’Europe. Il abrite un centre commercial de 200 boutiques et restaurants. Il a été reconnu en 2005 par l’International Council of Shopping Centers comme le meilleur centre commercial de taille moyenne au monde ! Un parc, un club et un centre artistique viennent également combler ce lieu très apprécié par les locaux et les touristes.
Les amateurs d'art ne manqueront pas la visite au Musée national. Parmi sa riche collection, on y admire des collections contemporaines de peinture et de sculpture, des œuvres romanes et gothiques ainsi qu’une grande collection de peintures italiennes, flamandes et hollandaises. Le musée conserve aussi l’une des plus importantes collections de peinture espagnole et “La plage à Pourville”, le seul tableau de Claude Monet dans les collections polonaises.
Stary Marych | Stary Browar | Musée national |
Et comment ne pas nommer le lac artificiel Malta, entouré d’espaces verts, qui attire une foule de passionnés des sports nautiques. On peut y pratiquer aussi l’escalade, le ski et la luge. En prenant le chemin de fer à voie étroite “Maltanka”, on rejoint le nouveau zoo et ses nombreux animaux exotiques (tigres de Sibérie, bisons, ours, etc.).
Sans oublier le plus grand parc de la ville (environ 100 ha) - Park Cytadela - situé en centre-ville sur les terrains de l’ancienne forteresse prussienne. Avec ses nombreuses allées et ses recoins charmants, c'est un endroit parfait pour les loisirs actifs. L'immense prairie au milieu du parc accueille des événements musicaux et des concerts. Sur le terrain du parc, ont été installées de nombreuses sculptures, dont la plus imposante des œuvres de Magdalena Abakanowicz : “Nierozpoznani” (Les méconnus).
Et aussi la plus que centenaire Palmeraie avec sa riche végétation provenant de diverses zones climatiques et ses aquariums aux innombrables poissons exotiques.
Lac Malta | Parc Cytadela |
Avant de terminer, une pause gourmande. Comment ne pas mentionner l’interactif “Rogalowe Muzeum Poznania” (Musée du croissant). C’est là qu’en effet, on peut apprendre comment cette pâtisserie est devenue un symbole de la capitale de la Grande-Pologne, la goûter et même participer à une démonstration de sa fabrication. Ces fameux croissants de Saint-Martin - Rogale świętomarcińskie - peuvent être vendus dans toute la Pologne, mais seule la Grande-Pologne possède le droit d’en faire. Pour la simple raison qu’ils ont été inscrits par l’Union européenne dans le registre de l’IGP (indication géographique protégée). Ils sont élaborés selon une recette précise à partir d’une pâte semi-feuilletée, fourrée d’un mélange de pavot blanc et de fruits secs. Rien que le jour de la Saint-Martin (11 novembre), les habitants de Poznań et les visiteurs en consomment plus d’un million !
Le musée résonne du dialecte posnanien si populaire au XIXe siècle, mélange du dialecte de Wielkopolska et des dialectes allemands (héritage de l’appartenance de la région à la Prusse) où, par exemple, chłopak devient chłopok, szedłem devient szłem.
Après toutes ces visites, on peut trouver le réconfort dans les restaurants locaux où l’on vous proposera peut-être les spécialités de la cuisine locale : pyry z gziką (z gzikiem) - à l’origine pommes de terre en robe de chambre (ou robe des champs si vous préférez) accompagnées de twaróg (fromage blanc genre cottage) mélangé avec de la crème fraîche (du lait ou du yaourt est parfois utilisé à la place de la crème), de la ciboulette et du radis (il existe également d'autres suppléments, par exemple l'oignon ou l'œuf). Ou bien du canard à la posnanienne, canard rôti aux pommes, servi avec des pyzy et du chou rouge…
Et pourquoi pas quitter Stare Miasto pour le vieux quartier de Śródka qui connaît dernièrement une certaine renaissance. Avec ses nombreux cafés et restaurants, il est devenu un des points de rendez-vous incontournables des locaux qui se plaisent à s’y retrouver le temps d’un verre. Et admirer la gigantesque fresque murale en trompe-l’œil “Opowieść śródecka z trębaczem na dachu i kotem w tle” (conte de Śródka avec un clairon sur le toit et un chat en arrière-plan) réalisée par l’artiste Arleta Kolasińska. Elle vaut le détour !
Croissants de Saint-Martin | Pyry z gziką | Fresque murale |